Quand je peins des figurines japonaises — qu'il s'agisse de personnages d'anime, de pilotes de mecha ou de petites figurines de diorama — le choix du pinceau pour les détails fins peut transformer un rendu maladroit en quelque chose de vivant et précis. J'ai longtemps hésité entre les pinceaux en poil de kolinsky et les synthétiques ; après des années de tests, d'essais sur différentes peintures (acryliques, émaux, laques) et de plusieurs nettoyages intensifs, j'ai une bonne idée de quand utiliser l'un ou l'autre. Voici mon expérience et mes conseils pratiques pour vous aider à choisir selon vos besoins.

Comprendre les qualités du poil kolinsky

Le kolinsky est un poil naturel, issu de la queue du vison de Sibérie, réputé pour sa souplesse, sa rétention de la pointe et sa capacité à conserver et restituer une grande quantité de peinture. Pour les détails ultra-fins — yeux, lèvres, bords d'armure, liserés — rien ne vaut parfois l'exactitude d'un kolinsky bien entretenu.

Ce que j'apprécie particulièrement :

  • la pointe extrêmement fine : parfaite pour les traits de 0,1 à 0,3 mm sans trembler ;
  • la capacité de charge : on peut travailler plusieurs traits sans recharger constamment le pinceau ;
  • la souplesse qui restitue la peinture de façon uniforme, utile pour des traits continus (lignes d'eye-liner sur figurines manga par exemple).
  • Points à surveiller :

  • le prix : un bon kolinsky de marque (Winsor & Newton Series 7, Raphael 8404, Isabey) est plus coûteux ;
  • l'entretien : il faut un nettoyage soigné (savon spécial pinceaux, eau tiède) et du temps de séchage pour éviter l'usure de la pointe ;
  • la sensibilité aux solvants agressifs : certaines laques ou diluants peuvent l'abîmer plus vite qu'un synthétique.
  • Les pinceaux synthétiques : évolutions et avantages

    Il y a dix ans, les synthétiques étaient souvent décriés pour leur incapacité à atteindre la finesse d'un kolinsky. Aujourd'hui, les fibres modernes (Taklon, nylon haute performance) sont beaucoup plus performantes. Des marques comme Princeton, Da Vinci (gamme Nova) ou Raphael proposent des synthétiques de très bonne facture.

    Ce que j'aime chez les synthétiques :

  • la robustesse face aux peintures acryliques et nettoyants agressifs ;
  • le prix généralement plus accessible ;
  • la facilité d'entretien : ils gardent souvent leur forme plus longtemps si vous les laissez tremper par erreur ;
  • une pointe étonnamment fine sur certains modèles modernes, adaptée aux retouches et aux lavis contrôlés.
  • Ce qu'ils font moins bien :

  • la rétention de la peinture est souvent inférieure, ce qui demande un rechargement plus fréquent ;
  • la restitution parfaite d'un trait continu très fin peut être plus difficile que sur un kolinsky.
  • Choisir selon l'usage — cas concret pour figurines japonaises

    Voici comment je choisis selon la tâche :

  • Pour peindre les yeux d'une figurine anime : kolinsky 00 ou 000. La pointe et la capacité à tracer des arcs réguliers font la différence.
  • Pour les lignes sur une armure mecha (panel lines très fins) : kolinsky ou synthétique très fin selon la peinture. Si j'utilise des lavis acryliques, je prends un synthétique fin pour éviter d'altérer le poil.
  • Pour des retouches rapides et brossages à sec : synthétique medium, plus résistant et plus pratique.
  • Pour les mélanges de lavis et glacis un peu liquides : synthétique résistant aux solvants et qui ne se détériore pas.
  • Tableau comparatif rapide

    Kolinsky Synthétique
    Pointe Exceptionnelle Très bonne (selon la gamme)
    Rétention de la peinture Élevée Moyenne
    Résistance aux solvants Faible Élevée
    Prix Élevé Abordable
    Entretien Exigeant Simple

    Astuces pratiques et ma méthode de travail

    Voici quelques gestes que j'applique systématiquement :

  • Préparer une palette humide (même pour l'acrylique) pour maintenir la peinture fluide et éviter d'« étirer » la pointe.
  • Utiliser un diluant adapté : pour acrylique, un médium Flow Improver ou Retarder peut améliorer la fluidité sans abîmer le kolinsky ; pour synthétique, l'eau ou un medium acrylique standard suffit souvent.
  • Pour tracer les yeux, je commence par déposer une goutte pour la pupille, j'écrase très légèrement la pointe pour le contour, puis je finis par la lueur blanche avec un micro-pinceau ou un cure-dent. Le kolinsky facilite ces gestes quand la main tremble un peu.
  • Entre deux couleurs, je nettoie sur un chiffon puis dans un pot d'eau savonneuse (savon spécial pinceaux). J'évite l'eau bouillante et les solvants trop agressifs surtout sur le kolinsky.
  • Pour sécher : je les pose à plat avec la pointe qui dépasse (jamais tête en bas) ou sur un support incliné. Les colles et manches peuvent se déformer si on les lave trop chaud.
  • Marques et modèles que j'utilise et recommande

    Par expérience :

  • Winsor & Newton Series 7 — mon choix pour les yeux et détails ultra-fins en kolinsky ; attention au prix, mais la durabilité est bonne si vous en prenez soin.
  • Raphael 8404 — un autre excellent kolinsky, souvent utilisé par les maquettistes pour son équilibre et sa pointe.
  • Da Vinci Maestro (kolinsky) — idéal pour les travaux de précision et pour ceux qui préfèrent une poignée plus longue.
  • Princeton Neptune ou Princeton Series — synthétiques modernes très performants, bon rapport qualité/prix pour l'acrylique.
  • Isabey — une gamme européenne qui fait d'excellents kolinsky et synthétiques.
  • Budget et stratégie : que prendre en premier ?

    Si vous débutez et que votre budget est limité, je vous conseille d'acheter :

  • Un bon synthétique fin (taille 0 ou 00) pour vous habituer aux gestes et pour la polyvalence ;
  • Un kolinsky taille 00 ou 000 si vous voulez vraiment monter en précision sur les yeux et les traits très fins ;
  • Un savon pour pinceaux et un porte-pinceaux pour l'entretien.
  • Si vous avez déjà une expérience et recherchez la perfection sur des figurines hautes dépenses (présentations, concours), un kolinsky de qualité devient presque indispensable pour certains détails. Mais je conserve toujours au moins un synthétique de secours : il m'a sauvé plus d'une fois sur des retouches rapides ou des encres.

    Si vous voulez, je peux publier un tutoriel pas à pas avec photos montrant la différence de trait entre un kolinsky et un synthétique sur un même œil de figurine, ou une vidéo de nettoyage et remise en forme d'une pointe. Dites-moi ce qui vous aiderait le plus dans vos projets !