Le montage sans colle, ou dry fit, est devenu pour moi un exercice à la fois ludique et formateur. Sur Japmodels, j’en parle souvent comme d’une étape pédagogique : on apprend à connaître les pièces, leurs tolérances, et parfois même à améliorer des assemblages qui étaient pensés pour être collés. Ici je partage mon expérience concrète sur le montage de gunpla sans colle — astuces, pièces à modifier, et surtout les limites à connaître avant de se lancer.
Pourquoi monter un gunpla sans colle ?
Plusieurs raisons me poussent à privilégier le montage sans colle selon les projets :
Rapidité : le snap-fit (assemblage par encliquetage) est souvent suffisant pour obtenir une maquette stable rapidement.Réversibilité : utile pour modifier, repeindre ou intégrer des upgrades plus tard, sans avoir à découper ou casser des jonctions collées.Pratique pour les expositions ou démos : je peux démonter des parties pour le transport.Facilité pour les débutants : pas d’angoisse liée à la colle qui déborde.Cependant, "sans colle" ne veut pas dire "sans modification" : la plupart des gunpla bénéficient d’un petit travail d’ajustement pour que les assemblages soient propres, stables et esthétiques.
Astuces générales avant de commencer
Voici mes règles d’or quand j’entame un montage sans colle :
Tester l’emboîtement avant de détacher toutes les pièces du sprue. Les pièces peuvent parfois s’ajuster différemment une fois nettoyées.Poler et ajuster les tenons (pegs) : des tenons trop fins ou trop épais sont la source de mouvements indésirables ou de casse.Utiliser des polycaps adaptés : certains kits (Bandai) utilisent des polycaps qui vieillissent mal. Remplacez-les si nécessaire.Ne pas peindre certains points de liaison avant d’avoir vérifié l’ajustement : la peinture ajoute de l’épaisseur et peut transformer un snap-fit en loose-fit.Outils indispensables
Cutter/hobby knife — pour couper proprement et ébavurer.Papier abrasif (400 à 2000) et lime fine — pour ajuster tenons et surfaces d’appui.Forets micro et manche à aléser — pour percer ou agrandir des logements de tenons.Tamiya Extra Thin, lames de précision et pinces — pour manipuler les petites pièces.Micro-vis (M1.4–M2) et tournevis fin — pratique si l’on veut sécuriser définitivement certaines pièces.Pièces à surveiller et modifications courantes
Certaines parties du kit demandent systématiquement une attention particulière :
Articulations d’épaule et hanche : sur de nombreux kits, la gravité et le poids des armes ou armures rendent les épaules et hanches lâches. Solutions : élargir légèrement le tenon de l’épaule avec un peu de CA gel (si on accepte une colle) ou mieux, insérer une petite rondelle en plastique ou une gaine thermorétractable sur le tenon pour augmenter le frottement.Poignets : ils se déboîtent parfois. J’utilise souvent un léger ponçage conique du logement pour augmenter la surface de contact, ou j’insère une micro-vis traversante (trou Ø0,8–1 mm) pour bloquer le pivot tout en gardant la mobilité.Tête : les collerettes sont souvent ajustées pour tenir, mais si la tête bascule, un petit renfort interne (bouchon en plastique, une goutte de résine UV) peut stabiliser sans altérer l’extérieur.Poids des accessoires : boucliers, armes lourdes et packs dorsaux demandent parfois un ancrage mécanique. Une solution propre est la pose d’un tenon additionnel en laiton (pinning). Je perce un trou dans la pièce mobile et j’insère une tige de laiton de Ø0.6–0.8 mm pour rigidifier l’assemblage.Techniques pour augmenter le frottement sans colle
Voici des méthodes que j’utilise couramment pour garder un montage 100 % démontable tout en assurant une bonne tenue :
Gaine thermorétractable : enrouler une fine gaine autour d’un tenon puis chauffer brièvement. Gain de friction et ajustement précis.Bande de téflon ou PTFE : un petit morceau collé sur la surface interne d’un logement (utiliser de l’adhésif double face fin) augmente le serrage.Rondelles plastiques ou morceaux de styrene : couper une fine rondelle et la loger entre tenon et trou pour compenser un jeu.Grease micro : une très fine couche de vaseline technique (ou silicone grease) augmente la friction temporairement et évite les craquelures sur certaines pièces en ABS.Vis et pinning : percer et insérer une tige métallique pour les articulations qui doivent subir beaucoup d'efforts.Tableau : pièces faciles vs pièces problématiques
| Zone | Facilité en dry fit | Astuce |
|---|
| Tête | Facile | Nettoyage des tenons, parfois gaine thermorétractable |
| Buste | Moyen | Vérifier emboîtements internes et stabiliser par pinning si armé |
| Épaules | Problématique | Rondelles, gaine, micro-vis ou pinning |
| Hanches/ceinture | Moyen | Agrandir logement, ajouter rondelle, vérifier polycaps |
| Mains/Poignets | Problématique | Ponçage conique, micro-vis ou insertion de pin |
| Pieds | Facile à moyen | Ajouter inserts ou pads pour stabilité |
Peinture et montage sans colle : attention
La peinture complique le dry fit : une couche d’apprêt et de laque augmente l’épaisseur des surfaces d’emboîtement. Dans mes projets où je veux garder le démontage, je :
Peins à l’intérieur des pièces sans bloquer les tenons (masquage et démontage partiel).Prévois des zones non peintes sur les surfaces d’assemblage, ou j’amincis la peinture par ponçage.Utilise des apprêts fins (Mr. Surfacer dilué, primer Tamiya en couche très légère) et je vérifie l’ajustement après chaque couche.Les limites du dry fit — quand accepter la colle
Malgré toutes les astuces, il y a des cas où la colle reste la solution la plus propre :
Assemblages structurels soumis à contrainte (ex : cardans porteurs d’un pack dorsal lourd).Réduction visible des joints : pour des seams invisibles sur certaines pièces, la cyanoacrylate combinée à une retouche de surfacer donne un résultat inégalé.Pièces fragiles où la moindre flexion provoque rupture : coller et renforcer en interne est parfois la seule option durable.En résumé, je monte en dry fit autant que possible, mais je n’hésite pas à recourir à la colle pour des raisons structurelles ou esthétiques. L’important est de choisir la méthode qui préserve l’intégrité du kit tout en répondant à mes objectifs (transport, modifications futures, peinture).
Quelques exemples concrets
Sur un MG Strike Rouge que j’ai monté récemment, le poids des packs d’armement demandait du pinning sur le torse et des rondelles sur les épaules. Sur un HGAC Turn A, j’ai préféré garder le snap-fit presque partout et insérer une micro-vis au poignet pour sécuriser les weapons hands. Pour les kits Bandai récents, souvent bien pensés, un simple affûtage des pegs suffit.
Si vous voulez, je peux détailler pas à pas l’opération de pinning (outils, diamètres, ) ou poster un tutoriel photo sur la modification de tenons d’épaule : dites-moi quel kit vous avez en tête et je l’adapte !